Le soldat Ma Yi Pao

De Histoire de Chine

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rédigé par Philippe Fourneraut

Stèle de Ma Yi Pao

Dans le cimetière de Vic-sur-Aisne (carré F, tombe 59), une étrange stèle marque la dernière demeure du soldat Ma Yi Pao, mort pour la France.

Ma Yi Pao (马毓宝 / Ma Yubao en pinyin) fut l'un des six Chinois qui s'engagèrent dans la Légion étrangère durant la Première Guerre Mondiale. Né à Kunming (alors Yunnan-sen) en 1894 dans une famille Hui (musulmans chinois) son nom reflète les ambitions que ses parents fondent sur lui (Trésor d’éducation). Il entre au Lycée provincial dans la section industrielle en 1909. Puis il est admis par concours à l’Académie militaire du Yunnan avant de rejoindre en 1912 celle de Nankin grâce à ses études remarquables.

En 1913, il rejoint le soulèvement révolutionnaire du Jiangxi, à Hukou comme Chef de Bataillon. Après l’échec du soulèvement il rejoint l’armée du Yunnan.

En 1915, alors que Yuan Shikai se fait nommer Empereur, la Seconde Armée du Yunnan se mobilise ; Ma est nommé commandant en second du Général Yang Yixian et est stationné à Guilin au Guangxi. Peu après, il regagne le Yunnan comme commissaire au recrutement puis il y devient instructeur à Mongtsé. Là, centre ferroviaire de la ligne du chemin de fer du Yunnan, il fréquente le Consul de France. Aux récits de ce dernier des atrocités germaniques, le jeune capitaine se décide à soutenir l’effort de guerre français.

Ma Yi Pao

Le Consul lui ouvre la voie vers Hanoi où il rencontre le Gouverneur Albert Sarraut, et en décembre 1916 il entre dans l’armée française mais ne souhaite que servir à la défense. En février 1917, il est envoyé au Maroc pour faire ses classes au sein du régiment de marche de la Légion étrangère.

Lorsque le « Gouvernement du nord » déclare à son tour la guerre à l’Allemagne, le Gouverneur du Yunnan via l’attaché militaire de l’Ambassade de Chine à Paris autorise le Légionnaire Ma à rejoindre le front. Ce dernier, le Lt-Général Tang, lui demande de tenir un journal, ce que fit scrupuleusement Ma.

Au front en 1918, il se montre courageux et déterminé. Lors des combats sur l’Ancre, dans la Somme, en mars 1918, il est blessé à la tête par un éclat d’obus. Guéri, il revient à son unité pour participer à la bataille de l’Oise, en juin, où il est gazé et évacué. Soigné à Paris, il reçoit la Croix de Guerre. L’ambassadeur de Chine Hu Weide, tout en reconnaissant son courage et son audace, demande alors pour le préserver qu’il soit affecté à l’arrière comme élève officier. Mais Ma estime que le travail n’est pas achevé et remonte au front. Il est de nouveau atteint et il succombe à de nouvelles blessures à l’ambulance 3/55, à Jaulzy, dans l’Oise, le 2 septembre 1918.

Il est enterré au cimetière de Vic, près de Soissons dans l’Aisne selon le rite musulman.

Une cérémonie funéraire est conduite au printemps 1920 à Kunming, présidée par le Seigneur de la guerre Tang Jiyao, en présence de divers dignitaires chinois et étrangers. Le livre d’honneur comporte des compliments de la part du gouvernement chinois, d’ambassades ainsi que (et surtout) de Sun Yat-sen et Li Yuanhong.